Récit d’une formation au Burkina Faso

Récit d’une formation au Burkina Faso

14 mars 2014

Il est 8h25 à Fada N’Gourma, dans l’Est du Burkina Faso. Petit à petit, les membres du groupe « Tamôuabou » (« Même consensus » en langue locale gourmantchéma) arrivent en traversant les champs et s’installent en cercle sur les bancs en bois disposés sous le grand manguier. Un agent de crédit et le formateur de l’Institution de Microfinance ABF (Association Base Fandima) soutenue par Entrepreneurs du Monde sont déjà présents et attendent l’heure prévue pour débuter la réunion.

Une fois les salutations d’usage terminées, l’agent de crédit ouvre la réunion en faisant l’appel et le formateur se prépare. Aujourd’hui dans le plan de formation, il est prévu d’aborder le thème « Réinvestir son épargne dans l’activité ». Pour cela, le formateur dispose d’un livret issu du manuel de formation qu’Entrepreneurs du Monde a créé et mis à disposition de ses partenaires, contenant le déroulé de la formation ainsi qu’un support composé de 9 cartes illustrées par un artiste burkinabé.

Pendant que l’agent de crédit mène les opérations financières (recouvrement des crédits, collecte de l’épargne), le formateur introduit le sujet du jour par un petit brainstorming sur le thème de l’épargne. Qu’est-ce que l’épargne ? A quoi cela sert-il ? Les participants connaissent bien ce thème car un module sur l’importance de l’épargne est délivré obligatoirement pour tout nouveau groupe de bénéficiaires. Le formateur entre donc rapidement dans le vif du sujet et demande aux participants les moyens qu’ils ont pour se procurer de l’argent à investir dans l’activité. A chaque fois qu’un participant donne une des quatre réponses prévues, le formateur lui distribue la carte correspondante (crédit, aide de la famille, vente d’un bien et épargne) et lui demande de se positionner devant le groupe en tenant sa carte. Une fois les quatre réponses trouvées, il demande alors les freins liés à chacun de ces moyens (respectivement : le taux d‘intérêt, la pression familiale, l’indisponibilité du bien et l’indisponibilité de l’épargne en cas d’imprévus). De nouveau, à chaque fois qu’un de ces freins est trouvé, le formateur remet la carte correspondante au participant et lui demande de se positionner devant le groupe.

Des enfants et autre passants regardent intrigués ces adultes qui jouent aux cartes et certains s’arrêtent pour mieux écouter…

Une fois les freins trouvés pour chaque moyen financier, le formateur demande s’il existe des solutions à ces freins. Après quelques échanges, les participants s’accordent pour dire qu’il n’y a pas vraiment de solutions, sauf pour l’épargne, qui, comme le budget, peut être séparée (une partie destinée à la famille et l’autre à l’activité). S’en suit un échange d’expériences sur l’utilisation de l’épargne dans l’activité. Les échanges vont bon train et tous les participants s’écoutent et partagent leurs expériences sur le sujet.

Une heure est passée, la fin de la réunion est arrivée. Le formateur demande aux participants de résumer les points clés de la séance et l’agent de crédit fait le point sur les transactions financières. Les participants applaudissent puis après l’appel des participants qui clôt la réunion, tous se donnent rendez-vous la semaine suivante et chacun repart de son côté.

Chez ABF, 17 modules de formation économique et 3 modules de formation sociale sont actuellement disponibles. En 2014, il est prévu de développer encore davantage de formations économiques. Un manuel de formation social est également en cours d’élaboration. Il comprendra plusieurs modules sur des sujets liés à la santé ou à des problématiques sociales (la méningite, les maladies hydriques, la dépigmentation, le droit des femmes…).