#Mais d’abord ses chefs et cheffes d’entreprises

#Mais d’abord ses chefs et cheffes d’entreprises

26 novembre 2021

Séismes, coups d’État, répressions, guerres de gangs, terrorisme, manque de moyens face au covid… L’actualité a été particulièrement lourde cette année dans les pays où nous agissons. Les médias ont raison de nous informer et de nous alerter. Mais en mettant en lumière uniquement ce qui va mal, ils peuvent nous faire croire que la situation est insoluble, désespérée et alimenter les clichés sur les pays du sud. Ils laissent trop souvent dans l’ombre l’espoir et l’optimisme qui fourmillent aussi dans les quartiers défavorisés et dans les zones rurales d’Haïti, du Burkina Faso, de Birmanie. L’arbre qui tombe fait beaucoup de bruit… Pourtant, la forêt continue de pousser !

Cette énergie est palpable tous les jours sur le terrain. Elle est nourrie par la force de celles et ceux qui entreprennent, coûte que coûte, et qui développent leur activité, la consolident, la pérennisent. Elle est nourrie par l’impact de tous leurs progrès sur l’avenir de leurs enfants et de leur pays. Elle est nourrie par le fort engagement, le professionnalisme et la résilience de nos équipes locales. Elle est nourrie aussi par des initiatives collectives innovantes, pertinentes et rapidement mises en place.

Alors, sortons des clichés ! Valorisons et encourageons ces cheffes et chefs d’entreprise ! Parce qu’il suffit de pas grand chose pour CHANGER les choses, AIDONS les plus démunis à CRÉER leur entreprise !

GIF Haïti

Birmanie

Burkina-Faso

Haïti : Ses ouragans, ses gangs, ses défavorisés
mais d’abord ses chefs et cheffes d’entreprises

Pour tous nos impacts positifs, nous devons continuer !

Témoignage de Thafica Policat, responsable des développements pour Palmis Eneji, entreprise sociale d’accès à l’énergie créée et incubée par Entrepreneurs du Monde en Haïti.

« En 2021, nous avons subi le paroxysme de la crise politique avec l’assassinat de notre président, l’impact du covid sur l’économie et le séisme aux Cayes qui a fait repartir à zéro beaucoup de familles de cette région. Ces 3 cataclysmes combinés ont aggravé la pauvreté et ont eu un impact important sur nos activités. Mais notre action change complétement le quotidien des familles alors nous trouvons la force de continuer. Je suis fière de ce que fait aujourd’hui Palmis Eneji pour les Haïtiens.

L’accès à l’énergie est essentiel pour les entrepreneurs haïtiens pour pérenniser leur activité. De nombreuses femmes lancent par exemple une activité de restauration de rue pour avoir des revenus. Mais 61% des familles n’ont pas accès à l’électricité. Pour cuisiner, 70 % des Haïtiens utilisent du charbon de bois, ce qui a réduit dramatiquement la couverture forestière. Elle était de 20% il y a 40 ans. Elle est de 3,5% aujourd’hui, soit 10 fois moins qu’en France !

Alors nous facilitons l’accès aux entrepreneurs et à des familles pauvres à des lampes solaires et réchauds de cuisson améliorés ou au gaz. Ils peuvent ainsi s’éclairer pour vivre et travailler autrement qu’à tâtons, gagner en sécurité dans un pays confronté à une violence quotidienne. Avec un réchaud de cuisson moderne, les femmes respirent moins de fumées nocives, consomment moins de bois, cuisinent plus vite. Et elles font des économies. Ils ont aussi un impact reconnu sur l’environnement puisqu’ils réduisent la consommation et la coupe de bois.

Pour préserver cet impact positif et malgré les conditions difficiles, nous nous adaptons pour poursuivre nos actions. Nous voulons continuer à servir les populations les plus pauvres et à étendre notre présence de proximité dans le pays. »

Quand le courage et la ténacité payent !

Témoignage de Wilmene ESTREMISE, propriétaire d’une épicerie, accompagnée par PMS, institution de microfinance sociale créée et incubée par Entrepreneurs du Monde en Haïti.

« Je vis dans le quartier de Fontamara, dans le bas de Port-au-Prince. C’est un quartier très pauvre, très dense, sans services d’eau et d’électricité décents. A cause de l’insécurité qui règne dans ce quartier j’ai envoyé mon fils au Cap-Haitien.

Notre maison, c’est quatre murs de parpaings et un toit de tôle. Je n’ai pas eu la chance d’aller beaucoup à l’école : je crois y avoir passé à peine 3 ans.

Aujourd’hui, je vends des produits alimentaires (riz, sucre, l’huile, etc.) sur trois tables, devant chez moi. J’ai toujours aimé le commerce, mais ce n’est pas rose tous les jours : avec la cherté de la vie et la fluctuation des prix, la demande diminue. Et à cause de l’insécurité, j’évite les parcours trop longs pour m’approvisionner et je dois acheter à des prix un peu élevés.

Puis j’ai découvert Palmis Mikwofinans Soyal. Depuis j’ai reçu 8 prêts, de 4 000 à 37 500 gourdes (39 à 367 €). Avec mon groupe, nous bénéficions de formations et c’est vraiment utile pour des gens comme moi qui ont à peine été à l’école.

L’animatrice explique les choses simplement, elle utilise des cartes et des posters avec des dessins. J’ai particulièrement aimé les formations sur la gestion des stocks et des comptes.

Lorsque j’ai rencontré une difficulté, la travailleuse sociale de PMS m’a soutenue.

En 4 ans, mon activité, qui s’évaluait à 7 000 gourdes (68 €), est passée à 50 000 gourdes (490 €). J’ai 4 870 gourdes (48 €) sur mon compte épargne.

Notre quotidien est assuré. Surtout, mon fils passe le BAC et ira à l’université l’an prochain ! »

Birmanie : ses militaires, sa répression, ses opprimés
mais d’abord ses chefs et cheffes d’entreprises

Ne rien lâcher et continuer à soutenir nos bénéficiaires

Témoignage de Sandar Kyaw, directrice de SOO, institution de microfinance crée et incubée par Entrepreneurs du Monde au Myanmar.

« Je suis très fière de Sont Oo Tehwin. Nous aidons des familles très pauvres à développer leur activité génératrice de revenus. Aujourd’hui, nous soutenons 10 000 entrepreneurs. Nous avons eu l’audace de nous déployer en zone rurale pour accompagner des agriculteurs. Aujourd’hui ils bénéficient de formations et conseils agricoles mais aussi de prêts adaptés à leurs récoltes.

Comme vous le savez, le Myanmar traverse des temps difficiles. Un coup d’Etat a secoué le pays en février. Il a entrainé beaucoup de désordres et une inflation allant jusqu’à 20%. De nombreuses restrictions sont encore en vigueur pour lutter contre le covid.

C’est vraiment difficile mais nous sommes déterminés et nous nous battons.

Par exemple, les restrictions imposent une limite très basse pour le retrait d’argent. Alors, nous avons ouverts des comptes dans d’autres banques pour pouvoir continuer les retraits à la hauteur de nos besoins et continuer d’accorder des crédits.

Pour continuer nos formations en groupe malgré les interdictions de rassemblements, nous mettons en place des sessions en petit groupe. Et surtout, nous restons en contact avec nos bénéficiaires par téléphone.

Nous restons forts sans rogner sur la qualité de notre accompagnement, sans réduire notre équipe, pour ne pas abandonner nos bénéficiaires, qui continuent sans relâche malgré les moments difficiles qu’ils traversent. »

Des réussites et des projets malgré un marché incertain

Témoignage de Daw KHIN KHIN YI , agricultrice, accompagnée par SOO.

« Depuis ma naissance, j’habite dans un village situé au sud de la région de Yangon. Il y a 10 ans, mes parents nous ont offert, à mon mari et moi, 4 acres de terrain, pour que nous puissions commencer à cultiver. Depuis mon plus jeune âge, j’aide mes parents dans cette activité agricole. Mon père vit désormais avec nous et nos deux garçons, pour que nous puissions nous occuper de lui. Même si notre ferme est celle de la famille, cette activité est très difficile et je ne veux pas que mes enfants y travaillent, je souhaite qu’ils suivent leur propre chemin.

Je bénéficie d’un prêt avec SOO. La durée de ce prêt correspond parfaitement au calendrier de ma récolte. Il s’élève à 380€ et je le rembourserai une fois la récolte faite et vendue. SOO propose aussi de nombreuses formations que j’apprécie particulièrement ! J’ai toujours été une personne très travailleuse ! Je suis toujours à la recherche d’idées pour améliorer mon activité. Par exemple, j’achète des récoltes à des agriculteurs et les revends à des grossistes. Cela me permet de récolter quelques bénéfices supplémentaires.

Nous espérons avoir une bonne récolte, la situation actuelle est particulièrement difficile à traverser. La crise du COVID-19 a contraint les marchés à fermer et a généré une baisse des prix. L’activité agricole est très risquée et incertaine. Toutefois, mes conditions de vie se sont beaucoup améliorées depuis que je suis soutenue par SOO. J’ai pu générer des revenus et ai acheté 7 autres acres et une pompe à eau.

À l’avenir, je souhaite continuer à investir dans mon activité. Je pense acheter un nouveau champ ! »

Burkina Faso : ses djihadistes, ses déserts, ses victimes
mais d’abord ses chefs et cheffes d’entreprise

Innover pour renforcer la capacité des entrepreneurs à faire face aux difficultés

Témoignage de Claire Lossiané, directrice de YIKRI, institution de microfinance sociale créée par Entrepreneurs du Monde au Burkina Faso.

« Le Burkina Faso est classé 182ème sur 189 selon l’indice de développement humain de l’ONU. Et la pauvreté s’accroit encore, pour 3 raisons. D’abord, à cause des effets du réchauffement climatique sur la désertification du Sahel. Ensuite, en raison des groupes terroristes, qui ont poussé plus d’un million de personnes à fuir leurs villages. Et enfin, à cause de la fermeture des frontières terrestres pour réduire la diffusion du Covid, mais qui freinent les importations de marchandises et affectent donc les activités de nos entrepreneures.

Chez YIKRI, non seulement nous ne lâchons pas nos entrepreneurs, mais en plus, nous faisons preuve d’imagination pour renforcer leur capacité à faire face aux aléas de la vie, aux problèmes de santé, ou encore aux difficultés administratives.

Nous avons donc mis en place des services sociaux très innovants qui n’existent nulle part ailleurs au Burkina Faso :

  • Une mutuelle exclusivement dédiée aux entrepreneurs répondant très précisément à leurs besoins.
  • Des échanges éducatifs ouverts à tous les bénéficiaires, mais aussi à leur famille, et notamment leur conjoint. Ces échanges ne sont pas obligatoires mais rencontrent un succès fou chez nos bénéficiaires !
  • Des audiences pour mettre en relation les entrepreneurs et les représentants de leur mairie. C’est un moyen très efficace pour obtenir une carte d’identité. Obtenir ainsi la preuve de son existence est un pas énorme qui ouvre les droits et l’accès aux services de l’Etat ! »

Optimisme et détermination pour une belle réussite

Témoignage de Lassané COMPAORE, agriculteur, accompagné par YIKRI.

« Je suis issu d’une grande famille de 8 enfants. Je n’ai pas été scolarisé parce qu’il n’y avait pas d’école à proximité et nous n’avions pas les moyens financiers pour m’inscrire. À la place, j’aidais mon père à garder son troupeau.

J’ai assez tôt commencé le maraîchage en cultivant des oignons, des aubergines, des papayes et des tomates. J’élève aussi des moutons et des chèvres. Cela fait bientôt 15 ans que je fais cette activité avec ma famille. J’ai commencé sans crédit ni formation. J’ai appris sur le tas en allant faire du bénévolat dans les champs de mes voisins plus expérimentés.

C’est en 2019, au marché du village, qu’un homme de Dassouri nous a parlé de YIKRI. Nous sommes allés à l’agence pour nous informer et j’ai demandé mon premier crédit de 150 000 FCFA (environ 228€) pour développer mon activité. J’en suis désormais à mon 6ème prêt ! Nous avons aussi accès à des formations, j’ai particulièrement apprécié celle sur « comment diversifier son activité ? ».

Aujourd’hui, j’arrive à prendre en charge les besoins de ma famille grâce à mon revenu et deux de mes enfants sont scolarisés et ont de bons résultats. Je suis fier de pouvoir payer leur scolarité et de voir qu’ils sont respectueux et obéissants envers leurs mères et notre entourage.

J’aime travailler en restant optimiste. Grâce à mon courage et à l’amour que j’ai pour toute ma famille, je parviens à mener mes activités et à la rendre heureuse. Je dispose maintenant de deux champs, de 40 moutons et 33 chèvres. J’ai pour projet de demander un nouveau crédit de 2 000 000 FCFA pour ouvrir une quincaillerie, puis de construire une ferme ! »

Appel à dons

Faites un don avant le 31 décembre et déduisez de vos impôts 66% de votre don !

Avec 50 € je soutiens un.e micro-entrepreneur.e  pendant 5 mois en Afrique, en Asie ou en Haïti, avec 100 € deux micro-entrepreneurs.es etc.