Les Echos – Comment l’entreprise sociale La Fabrik à Yoops a réussi sa levée de fonds

Les Echos – Comment l’entreprise sociale La Fabrik à Yoops a réussi sa levée de fonds

« L’entrepreneur Franck Renaudin a créé La Fabrik à Yoops qui bâtit des « tiny houses » pour des personnes sans logement. Cette entreprise sociale est aujourd’hui soutenue par de nombreux actionnaires privés, convaincus notamment sur la plateforme de financement participatif Lita.

Créer des « tiny houses », ces mini-maisons mobiles en bois, pour héberger et favoriser la réinsertion de SDF. C’est le projet porté par Franck Renaudin qui avait envie de monter une activité sociale et solidaire en France après avoir dirigé pendant plus de 20 ans l’ONG Entrepreneurs du Monde.

La Fabrik à Yoops a donc entamé, depuis ce mois de mars, à Rouen, la production en série de tiny houses destinées à des personnes en grande précarité. Une dizaine d’exemplaires devrait être commercialisée cette année au prix de 40.000 TTC l’unité. A plus long terme, l’objectif est de produire une quarantaine de maisons par an. Parmi les clients ciblés, des investisseurs particuliers qui souhaiteraient participer à un projet de réinsertion mais aussi des collectivités publiques ou des bailleurs sociaux.

Projet associatif à l’origine

L’entrepreneur social a démarré le projet au sein de l’association La Case Départ. De nombreux partenaires financiers potentiels ont été approchés avant de se rendre à l’évidence : une preuve du concept démontrant la faisabilité du projet était un passage obligé. Afin de financer la construction de maisons « test », Franck Renaudin a donc, dans un premier temps, fait appel à la générosité de particuliers sur la plateforme de dons Les Petites Pierres, dédiée à l’habitat solidaire. 140.000 euros ont été collectés auxquels se sont ajoutés 60.000 euros, offerts notamment par AG2R La Mondiale.

Cinq petites maisons mobiles « pilote » ont ainsi vu le jour à Rouen. Les locataires, Franck Renaudin les avait sous la main. L’association La Case Départ est un lieu d’accueil de jour pour des femmes et des hommes sans toit. Ceux bénéficiant de minimas sociaux et éligibles à l’allocation logement versée par la CAF pouvaient prétendre à l’une des mini-maisons. « Sur les sept personnes qui ont ainsi été hébergées, quatre ont finalement réussi à reprendre une activité salariée », précise l’entrepreneur soulignant la valeur ajoutée du projet qui combine offre d’hébergement et accompagnement social.

Le concept validé, l’étape suivante a été la création d’une société la Fabrik à Yoops, bénéficiant de l’agrément préfectoral Esus (Entreprise solidaire d’utilité sociale). Les cinq maisons ont constitué l’apport en capital de l’association qui en est devenu ainsi actionnaire. Franck Renaudin n’ayant à titre individuel qu’une centaine actions sur plus de 200.000 à l’époque.

Levée de fonds sociale et solidaire

La constitution en société a rendu ensuite plus facile l’arrivée d’investisseurs privés et de collectivités publiques pour passer à la vitesse supérieure. Mais compte tenu de la nature sociale de l’activité, ce sont bien évidemment des investisseurs à impact qui ont été sollicités.

La Fabrik à Yoops a mené une campagne fin 2021 sur la plateforme Lita.co, spécialisée dans le financement de projets à impact social ou environnemental. Ce qui lui a permis de réunir 162.000 euros auprès de nombreux particuliers. Plutôt réussie, l’opération a eu le mérite de créer un bel effet de levier : plusieurs business angels, le fonds régional Normandie-Seine Participation (Crédit Agricole) et le fonds Schneider Electric Energy Access (SEEA) ont co-investi permettant de lever en tout 652.000 euros. La société rouennaise a, en outre, bénéficié d’un prêt d’honneur de 200.000 euros de la région Normandie.

Si ce résultat global convient à Franck Renaudin, celui-ci estime avoir trop tardé pour passer de la précollecte, censée mobiliser les promesses d’investissement, à la phase de collecte. Il met en garde : « mieux vaut avoir verrouillé tous les aspects juridiques du montage financier avant de démarrer un crowdfunding. Cela permet d’optimiser la durée de l’opération et de gagner un temps précieux ». Aujourd’hui, le capital de l’entreprise dépasse les 500.000 euros avec une quinzaine d’actionnaires directs dont la holding Lita qui regroupe plus d’une centaine de particuliers. »

Source : https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/financer-sa-creation/0701170749510-comment-l-entreprise-sociale-la-fabrik-a-yoops-a-reussi-sa-levee-de-fonds-347827.php .