Une étude d’impact pour notre programme d’accès à l’énergie au Burkina Faso !

Une étude d’impact pour notre programme d’accès à l’énergie au Burkina Faso !

28 mai 2020

Les études d’impact scientifiques sont essentielles pour déterminer les approches de lutte contre la pauvreté les plus efficaces. Une équipe composée  d’économistes du Laboratoire d’Economie de Dauphine (Université Paris-Dauphine, IRD et CNRS) et de médecins et pharmaciens du Centre Muraz (Institut National de Santé Publique – Burkina Faso) conduit actuellement, sur financement de l’Agence Française de Développement et en partenariat avec Microfinance Solidaire, une évaluation de l’impact de Nafa Naana, programme d’accès à l’énergie d’Entrepreneurs du Monde au Burkina Faso.

Nous vous partageons les premiers résultats de l’étude !

Présentation du projet de recherche autour de Nafa Naana

Entrepreneurs du Monde a créé NAFA NAANA (« Le bénéfice est arrivé » en langue locale) en 2012 pour rendre accessibles des solutions modernes et efficaces : lampes solaires, réchauds à gaz et foyers améliorés. L’objectif du programme est d’améliorer les conditions de vie des bénéficiaires, de permettre la réduction de la pollution de l’air intérieur, des dépenses de combustibles, et de la déforestation massive.

L’enjeu de l’étude en cours est de déterminer si Nafa Naana atteint son objectif de réduction de l’exposition des ménages à la pollution de l’air grâce au remplacement du bois et du charbon par le gaz via ses réchauds améliorés.

L’ANRS, agence de l’Inserm spécialisée dans l’étude des maladies infectieuses, a également débloqué des fonds pour ajouter un volet COVID-19 à l’étude : des données complémentaires seront collectées pour analyser la relation entre pollution de l’air et incidence de cas sévères de CoViD-19 afin d’améliorer la compréhension de l’épidémie (projet ANRSCOV14 COVID4P).

Résultat de la première étape :
comprendre la situation de base des ménages burkinabés

Une étude sur 820 ménages Burkinabè

Une exposition aux particules fines 6 fois supérieure à l'objectif de l'OMS

Une augmentation de
70% du risque du cancer du poumon

En 2019, l’équipe de recherche a mené une première vague de collecte de données auprès de 820 ménages Burkinabè sélectionnés au hasard dans trois villes du Sud du Burkina Faso où NAFA NAANA étend actuellement ses activités. Des mesures de qualité de l’air ont été réalisées sur une période de 24 heures pour chaque ménage, en demandant à une des personnes en charge de la préparation des repas de porter un dispositif permettant prélever les particules fines présentes dans son environnement. Un suivi de la consommation de combustible sur 72 heures a également été réalisé dans chaque ménage.

Recherche Nafa Naana

Ces premières données permettent d’établir la situation de base des ménages en termes de qualité de l’air, avant l’intervention de NAFA NAANA. Elles montrent un niveau d’exposition à la pollution de l’air extrêmement important avec une moyenne de 155 microgrammes de particules ultrafines* par mètre cube d’air sur 24 heures. Ce niveau est plus de 6 fois supérieur à l’objectif de qualité de l’air établi par l’Organisation Mondiale de la Santé pour les particules fines**. Etre exposé à un tel niveau de pollution de manière régulière sur une année implique une augmentation de 70% à 80% du risque de cancer du poumon et de cardiopathies ischémiques chez les femmes concernées, par rapport à un scénario sans pollution. Le risque d’infection respiratoire de type pneumonie est également doublé pour les enfants de moins de 5 ans.

*Particules de moins de 2.5 microns.
**Lignes directrices pour la qualité de l’air, concentration sur 24 heures. Voir : OMS (2005). « Lignes directrices OMS relatives à la qualité de l’air. Mise à jour 2005 ». https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/69476/WHO_SDE_PHE_OEH_06.02_fre.pdf?sequence=1

Système traditionnel de cuisson

Nafa Naana

Réchauds gaz distribués par Nafa Naana

La caractérisation de la situation de base réalisée en 2019 confirme donc la pertinence du choix de Nafa Naana de centrer sa stratégie sur la lutte contre la pollution de l’air, troisième facteur de risque de mortalité au Burkina Faso après la malnutrition et l’absence d’accès à l’eau potable***.

 

La suite de l’étude ?

En 2020, les ménages de l’échantillon seront ré-interviewés dans le cadre du volet COVID-19 de l’étude afin de déterminer leur niveau de connaissance de la maladie et des mesures de prévention permettant de s’en protéger. Ils recevront également tous une aide financière visant à les aider à adopter les gestes barrières et à faire face aux conséquences économiques de l’épidémie. Des tests sérologiques seront réalisés par le Centre Muraz afin de connaître l’incidence de la maladie dans la population étudiée.

Par la suite, l’exposition aux particules fines des ménages participant à l’étude sera à nouveau mesurée après que ceux-ci se soient vu proposer d’acquérir un réchaud à gaz, pour certains avec l’option d’effectuer cet achat à crédit. Cette troisième phase de l’étude permettra de déterminer si l’offre de microcrédit pour l’accès au gaz développée par Nafa Naana atteint ses objectifs d’augmentation de la pénétration du gaz dans la population et de réduction de la pollution de l’air liée aux activités de cuisson.

***IHME. Burkina Faso profile. http://www.healthdata.org/burkina-faso