La précarité menstruelle n’est pas une fatalité !
La précarité menstruelle touche près de 500 millions de personnes dans le monde.
De quoi parle-t-on exactement ? En Afrique subsaharienne notamment, qui dit manque d’accès à des produits menstruels, à des sanitaires et à l’information, dit impact sur l’assiduité des filles à l’école et sur la capacité des femmes vulnérables à entreprendre avec succès.
On touche donc à la fois à des enjeux de santé, d’éducation, d’indépendance économique et d’égalité de genre.
L’an dernier, Entrepreneurs du Monde a lancé le projet pilote Miapé Dignité Menstruelle pour lutter contre ce problème au Togo et en Sierra Leone. Grâce à notre présence de proximité auprès des femmes que nous accompagnons, nous savons combien les enjeux autour de ces questions sont importantes pour elles et pour leurs filles.
Miapé Dignité Menstruelle intervient sur 3 leviers, en s’appuyant sur des partenaires clés.
Premier levier : sensibiliser sur un sujet encore tabou
Au Togo, l’équipe du projet coopère avec Assilassimé Solidarité, institution de microfinance sociale créée par Entrepreneurs du Monde, pour insérer la thématique « dignité menstruelle » dans le plan de formation des femmes accompagnées.
Elle a d’abord réalisé une étude auprès de ces groupes de femmes pour mesurer leurs connaissances et leurs pratiques et savoir comment communiquer efficacement. En Sierra Leone, la démarche sera la même avec Munafa.
Pour lever le tabou autour des menstruations, des activités de sensibilisation seront menées aussi dans les écoles auprès des filles et des garçons, en lien avec le Ministère de l’Éducation primaire et secondaire togolais.
Enfin, des actions de plaidoyer seront déployées auprès des autorités pour que ces problématiques soient prises en compte dans les politiques publiques locales.
Deuxième levier : accompagner des entreprises sociales qui fabriquent des produits menstruels lavables de qualité
Au Togo, l’équipe va aider l’entreprise Auréole Monde à changer d’échelle. Une nouvelle directrice vient d’être recrutée et de constituer son équipe. Un nouvel atelier de couture est en place et la production va bientôt s’accélérer pour permettre une large commercialisation.
Une étude de marché a déjà été menée pour construire le business plan et les discussions sont engagées avec plusieurs ONG et autres partenaires potentiels pour la commercialisation.
Troisième levier : améliorer l’accès à l’eau et à des latrines en milieu scolaire
A l’heure actuelle, 40% des écoles togolaises ne disposent pas de latrines et 77% des écoles sierra-léonaises n’ont pas accès à l’eau ; le défi est donc important !
Cette action sera menée dans 6 établissements de Lomé avec l’ONG française SEVES et un partenaire local.
Faire évoluer les pratiques de façon durable
Le projet bénéficie d’un financement de l’Agence Française de Développement pendant trois ans. D’ici 2026, 35 000 femmes et filles auront accès à une offre de produits de qualité et 36 000 personnes auront été sensibilisées.
L’objectif est aussi d’inspirer les autres acteurs du secteur ! Un modèle d’incubation d’entreprise sociale de production de produits menstruels sera formalisé, pour pouvoir être répliqué plus largement.
Toute l’équipe est mobilisée pour la réussite de ce projet à fort impact pour les femmes et la société dans son ensemble !
« Dans le projet Miapé, ce qui m’a convaincue dès le début, c’est le fait qu’il prend en compte les trois piliers de la précarité menstruelle : la difficulté d’accès aux informations, aux infrastructures sanitaires et aux produits menstruels.
Tout cela prend plus de temps que ce que j’avais imaginé mais un cadre sûr est posé maintenant pour apporter un mieux vivre, mieux étudier, mieux travailler aux femmes et aux jeunes filles, à long terme, et j’en suis très fière.
J’aime le fait qu’on travaille sur la durée, chez Entrepreneurs du Monde : on incube et on se donne le temps pour assurer la viabilité de ce qui est construit. »
Tatiana Sylla, chargée du projet Miapé Dignité Menstruelle