Récit d’une ouverture d’agence à Maferinyah

Récit d’une ouverture d’agence à Maferinyah

3 octobre 2022

WAKILI, programme de microfinance sociale d’Entrepreneurs du Monde en Guinée Conakry vient d’ouvrir une nouvelle agence à Maferinyah. L’occasion pour nous de vous expliquer concrètement les étapes de la mise en place d’un programme de microfinance sociale sur le terrain, les questions que nous nous posons, les objectifs que nous visons et comment nous les atteignons.

ÉTAPE 1 : répondre aux besoins d’un territoire pour lutter contre la pauvreté

Pourquoi proposer des services de microfinance sociale en Guinée Conakry ?

En Guinée, les plus pauvres, notamment les femmes, sont très peu allés à l’école. Ils sont peu qualifiés et accèdent très difficilement à un emploi salarié et stable. Alors, pour gagner leur vie, ils entreprennent ! Du jour au lendemain, ils démarrent un petit commerce de rue, un atelier ou retournent à la terre. Mais, sans accès au capital et à la formation, ils ont du mal à développer et pérenniser cette activité, à sortir de l’économie de survie et à se projeter dans l’avenir.

C’est pourquoi Entrepreneurs du Monde a créé en 2016 WAKILI, qui signifie « Volonté, Persévérance », pour accompagner ces femmes et ces hommes à développer durablement leur activité génératrice de revenus et améliorer le bien-être de leur famille. WAKILI propose des micro-crédits sans garantie, un accès à l’épargne et des formations gratuites à des groupes de bénéficiaires se constituant dans des villages.

ÉTAPE 2 : s’adapter à la réalité du terrain

L’exemple de l’agence de Maferinyah

WAKILI

L’équipe de WAKILI a créé dès son lancement plusieurs agences à Conakry et dans sa banlieue. Elle avait prévu de continuer sur cette lancée mais l’expérience terrain a permis de comprendre que les besoins en milieu rural étaient les plus urgents. Faute d’acteurs de microfinance, l’inclusion financière y est très faible et la vulnérabilité extrême.

Ouvrir une agence à Maferinyah s’est révélé comme une évidence : c’est une zone au plus grand potentiel agricole et commercial, à 75 km à l’Est de Conakry. Cette décision fut actée par la direction de WAKILI et facilitée par le soutien de nos donateurs. La première mission exploratoire fut menée en décembre 2021 par le chargé de développement. Les salariés ont été recrutés et formés en février 2022 puis ont été envoyés présenter les services proposés par WAKILI dans les hameaux aux alentours, selon le zonage établi à la suite de la mission exploratoire.

ALEX KADJOMOU, chargé de développement de WAKILI interview ALIA HABA, responsable de point de service

Comment l’ouverture de l’agence de Maferinyah a-t-elle été perçue par la population ?

La population nous a réservé un accueil très chaleureux. Ils ont beaucoup apprécié la présentation de nos services. Au début, c’était difficile d’avoir des groupes stables car beaucoup trouvaient qu’attendre 6 réunions avant de pouvoir demander un crédit était trop long (les 6 formations permettent de présenter en détail la méthodologie d’Entrepreneurs du Monde, elles sont essentielles pour le bon déroulement de l’accompagnement). Mais depuis que les premiers décaissements ont commencé, les personnes intéressées pour faire partir ou créer un groupe affluent à l’agence. Finalement, elles voient que c’est du concret et comprennent le bien fondé de notre méthodologie. Elles apprécient beaucoup.

Et par les autorités ?

Deux personnes de la commune sont venues me voir pour se renseigner sur le fonctionnement de WAKILI. Elles ont été très satisfaites par les échanges et les activités que nous comptions mener avec les populations. Elles se sont proposées d’être disponibles pour nous en cas de besoin.

Comment perçois-tu le potentiel de la zone de Maferinyah ?

L’agence a décaissé au 30 septembre 2022 1 279 450 000 GNF (soit 149  611€ ) de crédit pour 1248 bénéficiaires. Côté épargne elle a 1246 épargnants actifs pour un encours de  136 000 000 GNF soit ( 15 903€). Ces chiffres sont vraiment remarquables  pour une première année d’ouverture et témoignent du réel besoin en financement ainsi qu’en accompagnement social des populations de cette localité.

Quelles sont les difficultés et les challenges de cette nouvelle zone ?

Ici les villages sont très éparpillés et certaines zones sont vraiment difficiles d’accès à cause du mauvais état des pistes rurales.

ÉTAPE 3 : Création des groupes de bénéficiaires

Plusieurs groupes de bénéficiaires se sont formés autour de Maferinyah. Le premier décaissement de l’agence a eu lieu le 12 mai 2022.

UN EXEMPLE : LES GROUPES DU VILLAGE BENDOUYA

Le village a été informé par le président de district de la venue de WAKILI et d’une réunion d’information dans le village voisin. Ils ont alors délégué une personne pour y participer.

À la suite du compte-rendu de ce dernier à l’assemblée villageoise, les habitants ont été convaincus. Le chef a appelé l’animateur de WAKILI pour lui exprimer l’intérêt de son village à créer des groupes. L’animateur est  alors venu à leur rencontre et a été frappé par leur motivation. C’est comme cela tout a commencé.

Les bénéficiaires apprécient tout particulièrement le côté social de WAKILI, notamment les formations. C’est l’occasion de se retrouver régulièrement, de maintenir la cohésion et d’évoluer ensemble. C’est la première fois qu’ils ont accès à une microfinance aussi proche d’eux.

L’engouement pour la méthodologie de WAKILI et les services proposés ont clairement séduit les habitants du village : ils se sont cotisés pour créer un lieu de rencontre pour les réunions, qui servira également d’espace social pour le village.

ETAPE 4 : L’accompagnement

TEMOIGNAGE D’UNE BENEFICIAIRE Entretien avec Fatoumata Bangoura, groupe Hairi Faigny.

Je m’appelle Fatoumata Bangoura, je suis mariée et j’ai 4 enfants. Je cultive l’arachide. Ce qui me plaît surtout avec WAKILI, ce sont les formations qu’on nous donne sur la façon de gérer son activité, son crédit et j’aime aussi comment notre animateur nous encourage à épargner.

L’épargne, c’est très important pour moi car ça me permet d’organiser mes remboursements, d’agrandir mon activité et de résoudre les problèmes qui pourraient arriver.

Je viens d’obtenir un crédit de 1 200 000 GNF (140 euros)  qui va me permettre de semer le reste de mon arachide et payer la main d’œuvre.

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