Tournés vers l’avenir ! La Lettre de décembre 2020

Tournés vers l’avenir ! La Lettre de décembre 2020

24 novembre 2020

Thibaut Mary

Certes, comme vous, nous avons subi des coups de freins cette année, mais, comme vous aussi, nous avons su nous adapter. Tout ne s’est pas arrêté, loin de là ! Alors plongez-vous ici dans les exemples concrets d’avancées et de réussites vécues sur le terrain cette année. Derrière ces récits, imaginez les visages des bénéficiaires et aussi des 700 collègues mobilisés à leurs côtés, sans compter. Je me fais le porte-parole de leur profonde reconnaissance à l’égard de tous nos soutiens : par vos dons et vos messages de soutien, vous maintenez résolument votre présence engagée auprès de ces femmes et de ces hommes qui ne se résignent pas, qui ouvrent l’avenir de leurs enfants. Et auprès de leurs jeunes qui veulent prendre leur place dans l’économie et la société de leur pays. Ces lignes composent un message d’espoir, un hymne à la  solidarité… Alors, faites le plein d’énergie !

Thibaut Mary, Coordinateur des équipes

ACCES A L’ENERGIE

Au Cambodge, dans la province de Svay Rieng, à 130 km au sud-est de Phnom Penh, Somneng est l’une des 90 avicultrices équipées cette année d’un incubateur à oeufs.

Son témoignage est clair et enthousiaste :

Somneng au Cambodge« J’élève des poulets de chair depuis des années, mais j’ai a toujours eu du mal à dégager un revenu qui nous permette de sortir de l’angoisse du lendemain. En effet, je ne produisais pas moi-même mes poussins : je devais les acheter à 1,50 $ pièce, sans garantie de qualité. Je tombais régulièrement sur des poussins en mauvaise santé, qui grandissaient mal et parfois mouraient.

Je rêvais de produire moi-même mes poussins mais je n’avais ni le matériel, ni le savoir-faire. En janvier, l’équipe de Pteah Baitong, programme d’accès à l’énergie d’Entrepreneurs du Monde au Cambodge, est venue dans mon village nous proposer un incubateur à oeufs. C’était LA solution pour moi ! J’ai vu tout de suite le bénéfice que je pouvais tirer de cet équipement simple, solide et compatible avec une alimentation solaire. Avec 90 $, j’ai acheté l’incubateur et j’ai eu une lampe solaire en prime !

Savy, l’animateur de PTEAH BAITONG, a non seulement installé l’incubateur mais il m’a aussi formée à son utilisation et à l’élevage de jeunes poussins. Il vient régulièrement me conseiller sur la partie technique et sur la gestion de mon activité. Je me sens en confiance et je progresse vite !

Je produis désormais des poussins de qualité, pour les élever, moi, et également pour en vendre à d’autres aviculteurs. Mon chiffre d’affaires a triplé : aujourd’hui, je gagne 300 $ par mois, que je réinvestis en partie dans mon business et en partie dans la scolarisation de mes filles.

Cet équipement et cet accompagnement ont vraiment changé notre quotidien ! »

Au-delà de ces 90 aviculteurs comme Somneng, nous avons aussi installé des mini réseaux solaires au Cambodge, dans des villages isolés.

Les maisons équipées sont reliées entre elles pour optimiser la répartition et la consommation de l’énergie solaire produite. Après des retards subis dans l’importation du matériel en début d’année, nous avons enclenché la vitesse supérieure en juin.

Aujourd’hui, 190 maisons sont déjà équipées et à fin décembre, nous atteindrons notre objectif de 280 familles !

Socheat CHENG, premier directeur cambodgien de Pteah Baitong, explique l’impact de cette énergie solaire sur les conditions de vie de ces 280 familles :

« Il faut bien comprendre que sortir de l’obscurité, ça change tout, dans un pays où toute l’année, la nuit tombe à 18 h. Toute la famille vit en sécurité, et autrement qu’à tâtons. Les parents peuvent travailler, les enfants faire leurs devoirs… Cette énergie permet aussi à ces familles d’alimenter un ventilateur et sortir de l’isolement en branchant un téléphone, une petite télévision. Enfin, certaines en profitent pour brancher un frigo, un rice cooker et ainsi développer leur activité de restauration ou la vente de boissons fraîches, ou encore un incubateur à œufs pour déployer leur élevage. C’est un grand pas en avant dans la sortie de l’extrême pauvreté ! »

L’accès à l’énergie, c’est capital aussi dans le domaine de la cuisson.Tables de cuisson

Alexandre Borme, responsable des Programmes énergie Haïti/Asie explique l’impact des actions menées pour donner aux restauratrices de rue l’accès au gaz, en Haïti notamment :

« Impossible de circuler ici sans voir les restauratrices de rue… Elles nourrissent une grande partie de la population haïtienne. L’équipe de PMS (institution de microfinance sociale créée par Entrepreneurs du Monde) les aide à mieux gérer leur activité et à la développer. Mais penchées toute la journée au-dessus de réchauds très consommateurs de charbon, elles respirent les fumées très nocives.

Or, ce sont toutes de battantes qui savent très bien de qu’elles veulent : elles ont juste besoin d’équipements de meilleure qualité, à la hauteur des efforts qu’elles déploient pour développer leur activité. Grâce à ces tables de cuisson au gaz (3 feux), elles améliorent leur santé, cuisinent plus vite et dans un environnement propre. Ça change tout ! »

Nous mesurons aussi l’impact de nos actions.

Entrepreneurs du Monde participe à une recherche scientifique d’envergure financée par l’Agence française de développement. L’équipe de chercheurs a mené une première vague de collecte de données auprès de 820 ménages Burkinabè sélectionnés au hasard dans trois villes du Sud du Burkina Faso. Ces ménages vont accéder à un réchaud à gaz, grâce à NAFA NAANA, programme d’accès à l’énergie d’Entrepreneurs du Monde au Burkina-Faso.

Mais avant, chez chacun d’entre eux, la consommation de combustible a été mesurée pendant 72 h et l’une des personnes en charge de la préparation des repas a porté pendant 24 h un équipement qui prélevait les particules fines autour d’elle.

Ces premières données montrent un niveau d’exposition à la pollution de l’air extrêmement important : 155 microgrammes de particules ultrafines par m3 d’air, soit 6 fois plus que l’objectif établi par l’OMS. Etre exposé à un tel niveau de pollution implique une augmentation de 70 % à 80 % du risque de cancer du poumon et de cardiopathies ischémiques.

Le risque d’infection respiratoire de type pneumonie est aussi doublé pour les enfants de moins de 5 ans, dans ces ménages exposés aux fumée du charbon. Lorsque tous ces ménages auront été équipés d’un réchaud à gaz, par NAFA NAANA, une nouvelle campagne de mesures scientifiques permettra de vérifier que l’accès au gaz favorisé par Nafa Naana atteint bien ses objectifs de réduction de la déforestation et de la pollution de l’air.

MICROFINANCE SOCIALE

CAMBODGE… HAITI… Repassons par l’Afrique et par l’une des 12 institutions de microfinance sociale que nous incubons actuellement : FANSOTO, au Sénégal.

Blanche au SénégalBlanche est l’une des 5 600 entrepreneures appuyées par l’équipe de Diery Sene, directeur de FANSOTO. Elle transforme des fruits (mangues, tamarin, goyaves…) en fruits séchés, en jus, confitures et sirops. Pendant longtemps, elle n’arrivait pas à développer sa production, faute de fonds de roulement suffisant pour acheter les fruits, notamment lorsqu’ils étaient à bas prix.

Heureusement, en 2018, Blanche a rejoint un groupe FANSOTO et ça a changé presque tout ! Elle a parcouru un très beau chemin : elle en est à son 6e crédit et a participé à plusieurs formations pour améliorer sa production et la gestion de son entreprise.

Aujourd’hui, son unité de transformation est en pleine croissance : « J’ai investi dans de nouveaux équipements pour améliorer la qualité et le conditionnement de mes produits. Ça me permet séduire la clientèle de Dakar ! »

Ses ventes ont beaucoup augmenté et elle emploie aujourd’hui quatre femmes à temps plein et une dizaine de saisonniers.

Blanche est une entrepreneure inspirante, à Ziguinchor. Elle est même sollicitée aujourd’hui par des organismes d’appui au développement pour assurer la formation de leurs bénéficiaires ! Elle en est fière et ça lui apporte des revenus complémentaires, qu’elle réinvestit dans des machines plus performantes. Et la peur du lendemain est derrière elle : désormais son avenir et celui de ses enfants est grand ouvert !

FANSOTO est arrivée demi-finaliste du Prix européen de la microfinance 2020 intitulé « Encourager une épargne efficace et inclusive ».

Ce prix attribué par la Plateforme européenne de la microfinance récompense l’innovation. En atteignant ce niveau de demi-finaliste, FANSOTO, encore jeune, a déjà gagné une belle reconnaissance de son travail, au niveau international. Elle postulera à nouveau, bien décidée à remporter le premier prix (100 000 €) !

INSERTION PROFESSIONNELLE

Au Sénégal, comme au Togo, au Burkina Faso et en Haïti, nous avons décidé d’améliorer l’impact de nos programmes d’insertion des jeunes.

Nous créons donc des structures de type « entreprise-école » pour les plonger en situation réelle et acquérir des savoir-être et des compétences pour un métier technique (production, services à la personne) ou en fonction support (gestion, comptabilité, ventes, administration). Après cette immersion, nous les accompagnons jusqu’à l’obtention et la pérennisation d’un emploi ou la création et le développement de leur entreprise.

Bien entendu, nous lançons ces entreprises- écoles sur des secteurs avec de forts débouchés économiques et sociaux : la revalorisation des déchets au Togo, l’assemblage de lampes solaires et la fabrication de réchauds à gaz en Haïti, la transformation des fruits au Sénégal, les services à la personne au Burkina Faso.

MULTI-METIERS

Premiers pas en Côte-d’Ivoire

Côte d'IvoirePour innover, nous participons aussi à des projets multipartites, comme Archipelago en Côte d’Ivoire : ce projet financé par L’Union Européenne vise « l’appui au développement de l’activité et de l’emploi des jeunes dans les filières manioc et maraîchage par le développement de la formation professionnelle et l’accompagnement à la création d’entreprises dans la Région du Bélier ».

Pour renforcer les compétences pratiques de 360 jeunes, dont un tiers sont des émigrés encouragés au retour au pays, plusieurs partenaires unissent leurs forces : le conseil régional et la chambre d’agriculture de deux régions (Bélier en Côte d’Ivoire, Auvergne-Rhône-Alpes en France) l’Institut National de la Formation Professionnelle Agricole de Côte d’Ivoire et Entrepreneurs du Monde.

A l’issue de la formation, nous allons accompagner 125 jeunes qui s’orientent vers la création ou le développement d’une entreprise dans la filière manioc ou maraîchage .

Merci à tous nos donateurs et nos partenaires pour leur soutien sans faille !

J’AGIS MAINTENANT POUR ILLUMINER LEUR AVENIR !